Carnet de route d’une mission de CPA Sans Frontières réalisé en Haïti en 2014.
JOUR 1
Nous avons quitté Montréal à 10 h en direction de Port-au-Prince. Le vol est d’une durée d’environ 4 heures. Annie Durand, de TSF, nous accompagne durant notre mission. L’arrivée à Port-au-Prince se déroule bien mais la récupération des bagages est longue. Environ 1 h 30. Monsieur Sénatus, notre chauffeur, nous récupère à l’aéroport. Il est 17 h. Nous devons nous rendre dans un quartier de Port-au-Prince situé en hauteur, Pétionville. Beaucoup d’expatriés demeurent à Pétionville. La route pour se rendre est dans un piteux état. Malgré la proximité entre l’aéroport et notre point de chute, la maison Aux Amandiers, nous prendrons deux heures pour nous y rendre. Le premier contact avec les Haïtiens est chaleureux. Nicolas me fait remarquer que le regard curieux des gens dans la rue n’attend qu’un petit salut de la main de notre part. Les conditions de vie des gens sont difficiles. En circulant dans les rues, on constate que les services de base auxquels nous sommes habitués sont absents ou très rudimentaires. Quelques systèmes de canalisation, ici et là. Le séisme du 12 janvier 2010 y laisse encore sa trace. Aux Amandiers, notre gîte, nous sommes reçus par Jenny et Christian. Les chambres sont très confortables. Nous nous rafraîchissons un peu et nous allons manger au Pizza Garden. Même si le restaurant n’est pas loin, nous sommesaccompagnés par Christian. Il viendra nous chercher à la fin de notre repas. Au menu, quelques petites grillades, des acras et une bonne pizza au goût local. Nous allons nous coucher car une bonne route est à faire Jeudi matin.
JOUR 2
Levée vers 5 h, et départ prévue vers 6 h pour Miragôane. Petit déjeuner aux Amandiers. Pain, café, confitures locales. Nous devrons faire trois heures de route pour nous rendre à Miragôane. Arrivée vers 9 h 30. Premier contact avec Monsieur Bernadel, directeur général de l’IFTPN. Monsieur Bernadel nous fait visiter les installations de l’IFTPN. Cet institut forme des plombiers, des contremaîtres, des électriciens, des comptables et des informaticiens. Environ 200 élèves fréquentent l’institut. L’institut utilise les locaux de l’école st-jean baptiste afin que les élèves suivent leurs cours en après-midi. Monsieur Bernadel nous introduit à son équipe, Lauroru, directeur de la formation, Junior et Rachel, équipe comptable, Gardy, informatique. Nous questionnons le cycle des opérations de l’organisation. Il y trois sessions scolaires. Une première en octobre, vient janvier, puis avril. L’Institut fait relâche en septembre. Les sources de revenus sont les frais de scolarité des étudiants et des organisations. Une trentaine de professeurs assure l’enseignement. Monsieur Bernadel nous exprime des besoins. Informatiser le processus de préparation des états financiers, introduire et instaurer le système comptable Quickbooks, instaurer un processus de préparation des budgets, réviser et analyser le plan d’affaires. Nous constatons que l’équipe utilise un processus comptable manuel de comptabilité de caisse, des registres de suivis des services perçus, un grand livre. Quelques constats : Songer à instaurer un système comptable d’exercice, un système de comptabilité par activités, améliorer l’utilisation du tabulateur excel, améliorer la compréhension des états financiers, introduire un auxiliaire des cars pour en effectuer un suivi plus efficient. Madame Denise de l’école Les mains ouvertes se joint à nous. Madame Denise a des besoins avec Simple Comptable. Elle suivra la formation Quickbooks.
13 h Nous prenons une pause pour le diner.
14 h Deux équipes seront formées. Nicolas utilisera les installations de l’IFTPN, ordinateur et projecteur mural et y effectuera une première démonstration Quickbooks. Gardy, Junior, Rachel et madame Denise se joignent. Également, Yolande, étudiante aux HEC de Port-au-Prince accompagne la classe. Tous écoutent Nicolas avec beaucoup d’intérêt. On revoit les fonctionnalités de Quickbooks. Stéphan s’installe avec Monsieur Bernadel. Nous effectuons une session intensive d’analyse et de lecture des états financiers. Avec comme arrière-plan, l’instauration de d’une comptabilité par d’activité. On passe déjà en mode exercice. On passe en revue les différents postes des états financiers et on identifie certaines attentes en matière financière.
18 h Nous nous déplaçons vers Paillant, où habite le père de monsieur Bernadel. Au menu : poisson et quelques légumes locaux.
Fin de soirée Nicolas et Stéphan font une revue de la journée et préparent un plan de travail pour les prochains jours. Le point de ralliement, la comptabilité par secteur d’activité et l’instauration du module des cars, en plus de l’installation de Quickbooks.
Jour 3
Lever au chant des coqs dans la campagne haïtienne. Comme La ville de Paillant est en hauteur par rapport à Miragôane, nous avons une belle vue de la région fort montagneuse et de la mer. Les gens vivent au rythme de la nature et ils se lèvent avec la lumière naturelle. Nous avons un peu de temps pour bien déjeuner et échanger avec notre famille d’accueil. Nous nous dirigeons vers l’IFTPN pour 9 h Nous sommes tous réunis et ensemble nous élaborons notre plan de la journée. Nous avons comme objectif d’effectuer un séminaire de formation QuickBooks en utilisant les données réelles de l’IFTPN du mois d’octobre 2013, premier mois d’opération de l’exercice courant. Comme les participants reconnaissent déjà certaines données, le niveau d’assimilation de l’information sera beaucoup plus rapide. Deuxième objectif, nous désirons préparer l’information financière par secteur d’activité. Il y cinq secteurs d’activité. Certains sont plus rentables et connaître l’information permettra au personnel de direction de prendre de meilleures décisions de gestion. Nous constatons que le service de formation en informatique est beaucoup plus rentable que les autres services de formation. Nous prenons également en note que les services de formation en plomberie et en électricité requièrent plus de matériels pédagogiques. La comptabilité par activité permettra d’isoler toutes ces informations. Troisième objectif, nous désirons nous diriger vers une comptabilité d’exercice. Surtout pour l’informatisation de l’inscription des données sur les clients…à savoir les étudiants. Des factures seront générées par le système et un suivi plus rigoureux des sommes à recevoir pourra être effectué. Nous pourrons songer, dans une mission future, à intégrer les autres modules auxiliaires comme la paie, les inventaires de fournitures et les comptes à payer. Nicolas et Stéphan expliquent le plan aux participants afin que tous aient une vue finale des objectifs tant chez les préparateurs de l’information que les utilisateurs. Tandis que Nicolas se charge de donner la formation Quickbooks, Stéphan révise la lecture et la compréhension des états financiers avec Monsieur Bernadel. Toujours avec Monsieur Bernadel, nous entamons le processus de prévision budgétaire. Ce processus est établi à partir des informations de l’état des résultats de la dernière période. Le processus est préparé en utilisant Excel. Cet outil permettra à Monsieur Bernadel d’effectuer des analyses comparatives avec les résultats réels de l’Institut. Madame Durand de TSF viendra nous rejoindre.
13 h Nous dînons. Une fois de plus, le repas est savoureux. On découvre le Grillot, un plat traditionnel, qui se trouve à être du porc grillé. Nous visitons le COTEM, une coopérative de crédit dont Jean Bernard Bernadel, le père de Jean Pascal Bernadel, est président. Jean Bernard est un homme de lettres très intéressant et un entrepreneur très bien respecté par ses concitoyens. Quelques idées nous viennent à l’esprit. Nous visons un transfert de connaissance (Quickbooks, Excel) au cours de quelques missions à venir permettant aux membres du personnel de l’IFTPN de transmettre à leur tour cette connaissance aux intervenants de la région tel que le COTEM et le COSNICOOP, coopérative style quincaillerie Retour à l’IFTPN. Nicolas, avec ses étudiants, a été en mesure de compiler l’information comptable du mois d’octobre. Stéphan entame le processus de formation de préparation du plan d’affaires. En fin de journée, nous sommes déjà en mesure de sortir l’état des résultats, par secteur d’activités du mois d’octobre. Les participants sont très attentifs et tous sont très heureux de l’avancement accompli. Fin de la soirée, échange d’idées. Nicolas propose de remettre des certificats de formation aux participants. Une petite frousse vient pimenter la soirée! Une tarentule s’introduit dans la maison. Au coucher, Annie, Madame Denise, Nicolas et Stéphan tentent de dissimuler leur peur à l’aide de rigolades, mais ils restent aux aguets…
JOUR 4
Nous avons bien dormis et nous sommes prêts à entamer une autre belle journée. Nus nous dirigeons vers l’Association de Développement Notre-Dame de Paillant. Il s’agit d’une petite commune où la dirigeante madame Sophie Germain, aide la population locale avec des initiatives communautaires. Éducation, prêt de semences, accueil de jeunes coopérants de nos écoles canadiennes. Nous rencontrons Diane et Gabriel. À 8 h 30, on revient à la maison pour déjeuner. On déguste le plat du nouvel an, la soupe au jouroumon. 9 h 30 direction IFTPN où nous sommes attendus par les étudiants. Tous ont hâte de poursuivre leur formation. Nicolas reprends la formation Quickbooks. Nous sommes en mesure de comptabiliser la balance de vérification d’ouverture en date du 1er octobre et de compléter une partie du module des CAR. Junior et Rachel devraient être en mesure de poursuivre le travail. Un suivi devra être effectué au retour à Montréal. Stéphan poursuit la formation du cours sur le plan d’affaires avec Jean Pascal Bernadel. Nous explorons les notions de positionnement de l’Institut, des services offerts, de la concurrence, de budget et de structure de capital de l’organisation. Un suivi devra être assuré dans le futur. Les deux équipes se réunissent en fin d’avant-midi. Nous revenons sur le chemin parcouru. Pour la première fois, nous produisons un état des résultats complet par secteur d’activité.
13 h On organise une petite cérémonie pour féliciter les participants. Un dernier diner avec Jean Pascal avant le départ puis direction Les Cayes où l’on ramène madame Denise de l’école Les Mains ouvertes. Gardy de l’IFTPN viendra nous y rejoindre lundi.
JOUR 5
Journée de repos à l’Ile à Vache, « the other side of Haïti ». Il s’agit d’un site touristique en formule tout inclus. Nous en profitons pour faire un peu de plage et découvrir les environs. Nous irons visiter l’orphelinat St-François en après-midi. La mère tient l’endroit avec très peu de ressources. Tous les enfants sont chaleureux et veulent se faire prendre par Nicolas qui les amuse avec ses lunettes soleil. Retour Cayes en soirée aux où on en profite pour ramener un enfant malade accompagné de sa mère.
JOUR 6
Levée vers 6 h. Nous logeons Aux Manguiers avec madame Durand de TSF. Déjeuner Haïtien composé d’omelette, pains, carottes, plantain et avoine aromatisée au sucre de canne.
7 h 30 Direction l’école Les Mains Ouvertes. On traverse la ville des Cayes qui semble avoir été épargnée par le séisme de 2010. Cette fois-ci, c’est un membre de l’IFTPN qui viendra rejoindre madame Denise,monsieur Gardy Pierre-Louis. À l’école, Madame Durand nous introduit à Sr Viollette Sévere. Derrière ce nom austère se cache une femme au coeur tendre et subtil, qui prend sous son aile plus de 1000 enfants à qui on offre une formation primaire et scolaire. L’école emploie 56 personnes, des enseignants en majorité. La fondation Marcelle et Jean Coutu est le principal partenaire de l’école. Nous effectuons un tour d’horizon des activités de l’école. Gardy se joint à nous. Madame Denise utilise simple comptable. Toutes les opérations sont enregistrées avec le module journal général. Essentiellement, l’école gère un budget d’opération, voire un fonds d’opération. Un rapport de résultats est préparé mensuellement. Toutes les paies sont préparées manuellement et représentent la majorité des dépenses d’opération. Notre plan match est instaurer le module paie de simple comptable. Nicolas s’installe avec madame Denise et Gardy et commence la session de formation. Cette session privée se déroule bien. Stéphan s’installe avec Sr Sévère et son sens de l’humour.
13 h Dîner avec soupe de céleri et carottes, poule pays… mmm! Petits pois, patates et riz.
14 h Nous prenons un peu de temps pour visiter l’école. Nous prenons quelques photos pour les partager avec les modèles… Leurs sourires sont encore plus radieux ! Sr Violette nous parle de ses besoins et d’un projet de pharmacie. On rigole en lui soumettant l’idée qu’elle a besoin d’un « petit Jean Coutu ».
15 h Retour en classe, utilisation du module des comptes à payer. Certains frais sont payés comptant et sans reçu. Nous lui expliquons ce qu’est le travail au noir ! Tout le monde s’éclate!
17 h Mission accompli. Nous retournons à l’hôtel avec Gardy, membre de l’IFTPN. Il va loger au même hôtel que nous car la route du retour à Miragôane est trop longue pour lui. Quelques bières et un bon poisson pour clôturer la journée. Demain direction Port-au-Prince
JOUR 7
Notre retour des Cayes vers Port-au-Prince s’est bien déroulé. C’est tout de même quatre heures de route parfois sinueuses, parfois montagneuses mais surtout très accidentées par le séisme et le manque de ressources. Il y a un point de contrôle tenu par la police onusienne, mais cette fois on ne nous pose pas de questions.
11h30 Nous avons rendez-vous avec Alfred Étienne de la Fondation pour le développement économique et social (FODES-5), un partenaire de longue date de Terre Sans Frontières. Cette organisation reçoit de l’aide de l’ACDI et d’autres partenaires pour mettre sur pied différentes initiatives régionales en matières agricole, médicale et économique. Ils travaillent actuellement sur cinq projets de développement. Nous avons un court entretien avec monsieur Étienne et madame Donna, chef-comptable de l’établissement. Nous discutons d’une possible intervention future où nous pourrions facilement passer une semaine avec les membres de cette organisation. On constate que madame Donna n’utilise que le module journal général de simple comptable. Madame Donna doit préparer un bilan et un état des résultats pour chacun des projets, qu’elle remet aux différents bailleurs de fonds. Elle doit également consolider les cinq entités. Cette opération supplémentaire est effectuée manuellement par l’entrée de toutes les opérations comptables (donc une deuxième entrée de toutes les opérations) dans un sixième module de simple comptable. Cette opération de « consolidation » lui requiert au bas mot qu
atre jours par mois. Nous explorons les fonctionnalités de consolidation de simple comptable. Quelques essais sont effectués. Le temps presse et nous sommes attendus, mais Nicolas persiste et nous arrivons à faire fonctionner le module. Madame Donna sera en mesure de réduire le temps de préparation de consolidation de quatre jours à quelques heures par mois. Cette courte formation aura été la plus rentable de la mission. Sur une base annuelle, cela représente pour la comptable en chef une économie de deux mois de travail. Le temps file et nous sommes attendus par l’Ordre des CPA d’Haïti. Nous devons passer à l’hôtel. En arrivant à l’hôtel La Lorraine, Stéphan rencontre par hasard un représentant de Développement International Desjardins. Nous prenons le temps de lui expliquer notre projet et un suivi sera effectué à notre retour. La rencontre avec le représentant de l’OCPAH a été fructueuse et nous entrevoyons une collaboration avec la communauté universitaire d’Haïti et du Canada. Bonne journée productive malgré les déplacements. Une autre rencontre hasardeuse nous permettra de rencontrer un Haïtien ayant vécu au Canada pendant dix ans. À la suite du séisme, il a décidé de faire comme plusieurs, mettre l’épaule à la roue. Son projet de tourisme solidaire se nomme Bousol.
JOUR 8
Notre dernière journée sera tout aussi mémorable que les autres. Nous avons la chance d’aller visiter un ancien réserviste des fusiliers Mont-Royal. Anthony Di Carlo est candidat à la profession CPA et il travaille pour la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti). Une collaboration sur une base personnelle est envisagée dans l’avenir. C’est sur cette note que se termine notre mission terrain. Lorsque nous sommes arrivés en sol Haïtien, nous ne pouvions nous empêcher de voir un pays éprouvé par des difficultés persistantes. Toutefois, cette semaine nous a permis de rencontrer un peuple chaleureux, accueillant, assoiffé de nouvelles connaissances et enfin, désireux de nous faire découvrir La Perle des Antilles. Mission accompli !